Noël dans les yeux de Joseph

En ce jour de réveillon de Noël, je vais bien sûr vous parler de la naissance de Jésus-Christ mais à travers les yeux d’un personnage qui est peu mentionné dans la Bible à l’occasion de Noël. Mais il est quand même important car après tout, c’est lui qui éleva Jésus ! Vous voyez de qui je veux parler ? Joseph. Noël dans les yeux de Joseph. Vous reconnaissez peut-être la couverture d’un livre qui vient de sortir, écrit par Raphaël Charrier.

Joseph était un simple homme, qui a appris le chemin de la confiance en Dieu et de l’obéissance. C’est ce que nous allons voir à travers 2 épisodes de sa vie :

  • d’abord quand il a dû faire face à un choix douloureux
  • et ensuite quand il s’est retrouvé dans l’étable

Face à un choix douloureux

Lecture : Matthieu 1:18-25 (S21)

Dans le récit que nous avons lu, pouvez-vous me dire qui a reçu la visite d’un ange dans un rêve ? Il s’agit bien de Joseph. Mais avant cela, nous savons, grâce à l’autre évangile qui relate la nativité (Luc), que Dieu avait déjà envoyé un ange chez Marie pour lui dire qu’elle allait concevoir le Messie par le Saint- Esprit. Entre les 2 visites d’ange, Dieu a laissé Joseph se torturer l’esprit pour savoir comment il devait réagir face à l’annonce de la grossesse de Marie…La Bible ne rapporte aucune des paroles prononcées par Joseph mais on peut imaginer un peu ce qu’il a dû ressentir. Je vous propose d’écouter un dialogue fictif qui aurait pu avoir lieu entre Marie et Joseph. Il est inspiré du livre « Où est ta foi ? » de Jon BLOOM.

Joseph ressentit une pointe d’angoisse. Il avait perçu quelque chose d’inhabituel dans la demande de sa fiancée qui souhaitait le voir dès que possible. A son arrivée, il remarqua que Marie n’était pas elle-même. Elle fixait le sol et semblait tourmentée.

(Joseph) :  » Marie, il y a quelque chose qui ne va pas ?« 

Elle leva la tête et leurs yeux se croisèrent. Son regard était grave. 

(Marie) : « Joseph… Je suis enceinte.« 

Le choc de l’annonce le laissa un instant stupéfait et incrédule. Il ne savait plus ce qu’il devait penser. Ses jambes le lâchaient. Il se sentait comme paralysé, incapable de prononcer un seul mot. Marie le fixait toujours aussi intensément. Il ne discernait aucune trace de honte dans ses yeux. Même pas une larme. Ses yeux rayonnaient… l’innocence.

(Marie) : « Ce que je dois te dire maintenant, je ne sais même pas comment t’en parler. »

Joseph se préparait au pire. En même temps, cette situation lui paraissait étrange. Marie avait l’air plus pure que jamais. Si elle avait été d’un genre frivole, ce genre de nouvelle aurait pu passer. Mais Marie était la dernière personne qu’il aurait pu soupçonner d’infidélité.

(Marie) : « Je sais que c’est très difficile à croire, Joseph. Mais il faut que tu m’écoutes. Je ne t’ai pas trompé. »

Joseph la regarda droit dans les yeux. Un viol ? Cela expliquerait son innocence. Mais pourquoi ne m’en avait-elle pas parlé ?

(Marie) : « Et le bébé que je porte en moi… vient de Dieu.
Joseph, je sais ce que tu penses. Mais je t’assure que c’est la vérité. »

Puis Marie lui raconta la visite de l’ange et le message qu’il lui avait délivré. Elle portait un fils, conçu par le Saint-Esprit, qui serait appelé Fils du Très Haut. Dieu était le père de l’enfant. Joseph avait l’impression que son cerveau allait exploser d’un moment à l’autre. Était-elle en train d’ajouter un blasphème à son adultère ? Il n’arrivait pas à la croire coupable ni de l’un ni de l’autre.

Le silence dura longtemps.

(Joseph) : « Je… je ne sais pas quoi te dire Marie. Je n’arrive pas à réfléchir correctement. Je crois que j’ai besoin d’être un peu seul. »

Joseph passa le reste de l’après-midi à marcher. Il n’arrivait pas à comprendre comment l’histoire de Marie pouvait être vraie.

(Joseph) : « Seigneur, montre-moi ce que je dois faire ! »

Il a dû répéter cette prière une bonne centaine de fois ce jour-là.

Le soleil se couchait quand Joseph arriva devant la maison qu’il finissait de construire. Ce matin encore, en travaillant sur le toit, il avait rêvé d’entendre les voix enjouées de leurs futurs enfants qui, un jour, allaient remplir ce foyer. Ce rêve venait de se briser. Il avait pris sa décision. Les explications de Marie étaient trop incroyables, à la limite du délire. Il devait casser leurs fiançailles. Mais il le ferait le plus discrètement possible afin d’éviter à Marie plus de honte que nécessaire. Il l’aimait toujours.

Cette nuit-là, il s’endormit, épuisé par sa douleur. C’est alors que l’ange arriva et ressuscita ses rêves.

Dieu aurait pu prévenir Marie et Joseph en même temps mais Il ne l’a pas fait. En revanche, Il a permis qu’ils aient une conversation qui a dû être très difficile à vivre pour tous les 2. Face à cette situation, Joseph a dû lutter avec sa douleur et sa confusion, pour arriver à la décision qu’il estimait à la fois juste et compatissante : rompre les fiançailles. Et c’est à ce moment-là seulement que Dieu est intervenu en envoyant un messager à Joseph pour confirmer les affirmations de Marie et l’amener à prendre la meilleure décision.

Je pense que vous avez déjà remarqué, dans vos propres vies, que Dieu ne vous épargne pas toujours les décisions difficiles et douloureuses. Les desseins de Dieu s’accomplissent aussi au travers d’elles. Mais nous pouvons lui faire confiance. N’a-t-il pas dit : « Je t’instruirai et te montrerai la voie que tu dois suivre ; je te conseillerai, j’aurai le regard sur toi. » (Psaume 32.8)

Si comme Joseph, nous sommes prêts à faire ce qui est justesoyons assurés que Dieu nous indiquera la direction que nous devons suivre au moment où Lui le jugera bon.

Continuons avec un 2e épisode de la vie de Joseph.

Les étables du désespoir

Plusieurs mois se sont écoulés et le moment de la naissance approche ! Je pose une question aux enfants : dans quelle ville va naître Jésus ? (Bethléem)

En Luc 2.7, nous lisons : « Elle mit au monde son fils premier-né. Elle l’enveloppa de langes et le coucha dans une mangeoire parce qu’il n’y avait pas de place pour eux dans la salle des hôtes. »

En début de culte, nous avons chanté le chant « Voici Noël, ô douce nuit » (ou, dans une autre traduction, « Douce nuit, sainte nuit ». La première nuit de Noël fut effectivement une sainte nuit… mais certainement pas une nuit douce et tranquille ! En tout cas, pas pour Joseph, ni pour Marie ! Après avoir marché plus de 150 km, Joseph était arrivé dans une Bethléem bondée de monde, avec une épouse sur le point d’accoucher. Je vous propose d’écouter encore un dialogue fictif, avec cette fois 2 personnages supplémentaires : Jacob l’aubergiste et Rachel, sa femme.

« – (Jacob) : Nous sommes archi-complets. Nous ne pouvons pas accepter une seule personne de plus.
– (Joseph) : Je vous en prie, ma femme est sur le point d’accoucher ! Nous prendrons n’importe quoi du moment qu’on ait un peu d’intimité. »

Il y avait dans le regard fatigué de l’aubergiste un mélange de compassion et d’exaspération.

(Jacob) : « Je vous donnerais bien notre propre chambre, mais je l’ai déjà louée à d’autres. Il y a des gens partout, jusque dans les moindres recoins. Il n’y a vraiment pas de place, surtout pour avoir un bébé ! »

Lorsqu’ils étaient encore à Nazareth, Joseph se sentait alors très confiant. En effet, Dieu avait envoyé son ange à Marie, puis à lui. L’enfant que Marie portait venait de Dieu. Et c’est aussi Dieu qui avait orienté le cœur de l’empereur Auguste pour que la prophétie messianique concernant Bethléem se réalise.

C’était évident : Dieu allait leur fournir tout ce dont ils auraient besoin une fois sur place. Après tout, cet enfant était le Fils de Dieu ! Mais maintenant, Joseph commençait à perdre espoir car Bethléem était envahie de monde.

« – (Joseph) Y a-t-il une autre auberge ?
– (Jacob) Non. Il n’y a pas assez de passage à Bethléem pour avoir besoin de 2 auberges en temps normal. Vous n’avez pas de la famille dans la région ?
– (Marie) Aïe !
« 

Le visage de Marie se crispa sous la douleur. Affolé, Joseph insista :

« (Joseph) Non, nous n’avons personne ! Je vous en prie ! Est-ce qu’il n’y a pas quelqu’un qui peut nous accueillir ?
– (Jacob) Tous les gens que je connais ont déjà du monde chez eux.
– (Joseph) Oh Dieu ! S’il te plaît, je t’en supplie ! Il nous faut trouver un endroit pour Marie ! Donne-nous une chambre ! Envoie-nous un de tes anges ! Fais quelque chose !
« 

Les deux hommes se fixèrent, le regard vide, pendant quelques secondes pleines de tension. Puis d’une voix suppliante Joseph soupira :

« (Joseph) : S’il vous plaît, on prendra n’importe quoi ! »

Brusquement, une femme apparut derrière l’aubergiste et proposa :

« – (Rachel) Nous avons une étable derrière l’auberge.
– (Jacob) Non, Rachel, sa femme est sur le point d’accoucher ! On ne peut pas les mettre dans l’étable
– (Rachel) J’ai bien entendu Jacob, mais les renvoyer à la rue serait encore pire ! Je vais chercher des couvertures et de la paille fraîche. »

Puis, en se tournant vers Marie, elle lui dit :
« – (Rachel) Tout va bien se passer Marie. Dieu va vous aider.
– (Marie) Merci ! Oh Seigneur, merci ! »

Une étable pleine de saletés, c’est tout ce que Joseph avait pu trouver pour Marie et pour le Messie. Il ne s’est retrouvé là que poussé par le désespoir. Je pense qu’il s’est demandé comment cela serait possible pour le Fils de Dieu de naître dans une étable ! La réalité, c’est que le Fils de Dieu se faisait tout petit. Il était venu pour s’abaisser, avec humilité, d’une manière incompréhensible.

Dans cette situation encore, Dieu aurait pu créer des circonstances totalement différentes mais Il avait, dans cette humiliation, un dessein mystérieux et caché.

En cela, il y a un bel enseignement de Noël pour chacun d’entre nous. Alors que nous cherchons à suivre Dieu fidèlement, il peut nous arriver de nous retrouver dans des situations désespérées ou bien forcés de nous rendre dans des endroits que nous n’aurions pas choisis (comme cette étable). Et là, ce dont nous ayons le plus besoin, ce n’est pas forcément moins de tourmente… mais plus de confiance. Car Dieu peut choisir les étables du désespoir comme lieu de naissance pour sa grâce infinie.

Conclusion

Joseph est pour nous un bel exemple d’un père terrestre obéissant humblement aux directives du Père céleste. Comme lui, nous aussi, ayons confiance que les voies de Dieu sont parfois surprenantes, mais qu’elles sont toujours bonnes.

Benjamin T.


Sources

  • « Où est ta foi ?» de Jon Bloom
  • « Noël dans les yeux de Joseph » de Raphaël Charrier