L’Eglise Evangélique Arménienne de Lyon : historique

En 1924, une importante communauté arménienne est implantée à Lyon. À la création de l’Église Évangélique Arménienne de Lyon, déjà quelques familles évangéliques arméniennes étaient installées dans l’agglomération lyonnaise.

C’est cette même année, le 2 août 1924, qu’eut lieu le premier culte de l’église évangélique arménienne, inaugurant ainsi la paroisse de Lyon.

L’artisan de cette implantation avait été le pasteur Joseph Barsumian, lui-même sollicité par le docteur Paul Berron, directeur de l’Action Chrétienne en Orient. Celui-ci avait écrit : «Lors de mon retour d’Orient, en août 1922, alors que je roulais pour la première fois de ma vie entre Marseille et Lyon, j’eus l’étrange pressenti- ment que je travaillerais un jour dans cette région».
En outre, en dehors du culte, les premières réunions de l’église évangélique arménienne avaient lieu au 75 avenue Berthelot, dans un local destiné aux militaires américains, durant la guerre de 1914–1918 et également utilisé par l’Église Apostolique Arménienne. Appelé «Le Foyer Lyonnais», il fut aussi particulièrement utilisé par la jeunesse.
En 1925, c’est à Lyon qu’eut lieu la première réunion consultative des églises évangéliques Armé- nienne de France, qui essayaient ainsi de se regrouper et de s’organiser.

Puis en 1927, du 24 au 28 septembre, c’est à Lyon que se tint le premier synode des Églises Évangéliques Arméniennes de France, chez le Pasteur et Madame Joseph Barsumian, dans leur magnifique maison de la rue du Docteur Rebatel. Au cours de ce synode, des réunions d’édification chrétienne et d’évangélisation furent organisées dans la salle de l’UCJG (Union Chrétienne de Jeunes Gens). Plusieurs adultes ainsi que des jeunes prirent position par rapport à la foi chrétienne, ce qui fortifia la nouvelle église naissante de Lyon.

Par la suite, plusieurs vocations pastorales se manifestèrent, dont celles des Pasteurs Karekine Sislian, Margos Vékilian et Calvin Barsumian. Afin de répandre l’Évangile, il fut décidé d’encourager et de fortifier le travail de colportage en lui donnant plus d’ampleur. Ainsi, le premier colporteur biblique pour la ré- gion lyonnaise fut le frère Joseph Moussayan, qui manifesta durant un an et demi fidélité et zèle dans ce travail. Après son départ, ce fut le frère Lévon Nigoghossian qui lui succéda avec autant de consécration.

En 1927, les cultes de l’église se déroulaient le dimanche après-midi, place Vendôme, dans la Chapelle Méthodiste. En semaine, nous utilisions la salle de la Mission Populaire, rue de Créqui, pour des études bibliques et la prière du mercredi soir. Par la suite, à partir de 1929, les cultes se célébraient dans la salle de l’UCJG, passage Coste, Lyon 3e, le dimanche matin, tandis que l’école du dimanche pour les enfants avait lieu dans les locaux de l’Armée du Salut, 71 rue Servient.

Le 27 avril 1930 eut lieu la constitution légale de l’église évangélique arménienne de Lyon, avec 40 personnes dont 32 femmes et 8 hommes. En 1937, c’est l’achat du premier bâtiment durable pour l’église évangélique arménienne de Lyon. C’est à la rue Le Royer, Lyon 3e, que l’acquisition d’un atelier de forgeron fut effectuée. Après les transformations, on y disposait d’une salle, certes modeste, mais accueillante et convenablement aménagée. L’inauguration eut lieu le 17 juin 1937.

Dans la région lyonnaise, la communauté arménienne grandissait et, très tôt, des réunions régulières ou périodiques furent aussi organisées à Saint-Maurice de Beynost, Décines, Bron, Grenoble, Lancey, La Tour-du-Pin, Pont de Chéruy, Vienne, Chasse, Saint-Chamond, Saint-Etienne, Roanne. Parallèlement aux activités bibliques et spirituelles, l’œuvre sociale de l’église se développait en faveur des compatriotes qui venaient du Proche-Orient, et cela sans tenir compte de l’appartenance religieuse. Ce service consistait notamment dans la recherche de logement ou de travail, la régularisation des papiers….

L’église eut aussi le souci d’apprendre la langue arménienne à ses membres et à tous les Arméniens qui le désiraient. En effet, nombreuses étaient les personnes qui, venant de région de Turquie, ne connaissaient que la langue turque, et cela pour toutes sortes de raisons, spécialement, l’hostilité de l’administration ottomane à la langue arménienne.

D’autre part, il fallait aussi l’apprendre aux enfants de ces rescapés des massacres et, même si certains la parlaient chez eux, les mettre en mesure de la lire et de l’écrire. Ainsi, sous la direction des pasteurs successifs de l’église évangélique arménienne de Lyon, des centaines d’enfants, de jeunes et d’adultes ont-ils appris leur langue maternelle. Là encore, la plupart n’étaient pas des évangéliques. Par rapport aux autres organisations arméniennes de Lyon, notre église a certainement été un modèle dans ce domaine.

Pour s’occuper de la jeunesse, Mademoiselle Sophie Barsumian fut désignée, afin d’aider son père. Elle fut très utile dans ce travail d’école du dimanche pour enfants et de cours d’arménien à Lyon, Décines et Chasse. Après le mariage de Sophie avec le pasteur Zacharie Boudakian et la mise à la retraite du frère Levon Nigoghossian, il fut décidé que le fils du Pasteur Joseph Barsumian, Calvin Barsumian, l’aiderait de 1936 à 1937.

En 1938, le Pasteur Krikor Khayiguian succéda au Pasteur Joseph Barsumian. Plus connu sous le nom de Professeur Khayiguian, c’était une véritable personnalité. Il donna une impulsion toute nouvelle au développement et à la connaissance de la langue, de la culture et de l’histoire arméniennes. Il y eut le souci d’acquérir un nouveau lieu de culte pour l’église évangélique arménienne. S’il dépensa beaucoup d’énergie dans cette recherche, la nouvelle église ne fut acquise qu’après son départ de Lyon.

En 1949, le Pasteur Vahan Sahagian prenait la suite du pasteur Khayiguian. La situation de l’église à ce moment était la suivante : 200 personnes y étaient rattachées, sur les 5500 que comprenait la communauté arménienne. Le nombre des adhérents était de 42, plus 20 jeunes, 20 enfants à l’école du dimanche et 53 enfants au cours d’arménien. La participation au culte du dimanche matin était de 50 personnes. C’est du temps du pasteur Vahan Sahagian que fut acheté, en 1954, le local de la rue Eugène Des ruelle. Ainsi, une ancienne aile de garage fut-elle transformée en salle de culte. Cependant, l’école du dimanche pour les enfants continuait à se dérouler dans l’ancienne salle de la rue Le Royer, Lyon 3e. Le presbytère se situait avenue Piaton dans le quartier du Tonkin à Villeurbanne.

En 1958, le pasteur Margos Vékilian remplaça le Pasteur Vahan Sahagian. À ce moment-là, un presbytère fut acheté au numéro 1 de la rue du Docteur Paul Diday, Lyon 3e. Mais les cultes continuèrent au Cours Eugène Deruelle. Le Pasteur Margos Vékilian, qui avait une âme de pionnier, non seulement continua le travail localement mais eut la vision de l’achat d’un centre de vacances dans la région. Cela se réalisa en 1964 par l’achat du Château de Saint-Paul de Vézelin, dans la Loire, à 100 km de Lyon. En 1965, le Pasteur Calvin Barsumian s’installa à Lyon pour succéder au Pasteur Margos Vékilian. Les cultes avaient toujours lieu au Cours Eugène Deruelle. Une salle fut également louée, au Centre Anglais, Cours Lafayette, pour l’école du dimanche pour les enfants. Mais les locaux de l’église devenaient insuffisants. D’une part, il n’y avait pas de salle pour les jeunes, d’autre part, le chauffage s’avérait défaillant, et la salle peu éclairée et bruyante. Ainsi fut achetée en 1968, au numéro 4 de la rue du Docteur Paul Diday, juste en face du presbytère, une ancienne boulangerie industrielle. Elle fut transformée en salle de culte avec un complexe de salles de jeunes, de réunion… Ces locaux, très fonctionnels, inaugurés le 16 juin 1968, sont utilisés depuis lors jusqu’à aujourd’hui, pour la plus grande satisfaction des participants.

En 1974, le Pasteur René Léonian fut nommé pasteur de l’église évangélique arménienne de Lyon. Ainsi, dans un premier temps il a travaillé en collaboration avec le Pasteur Calvin Barsumian. Par la suite au début de l’année 1977, le Pasteur Calvin Barsumian a pris sa retraite et le Pasteur René Léonian a continué à servir l’église de Lyon jusqu’en 1983. À l’arrivée du Pasteur René Léonian, un logement qui se trouvait dans la cour de l’église, 4 rue Docteur Paul Diday, fut transformé et aménagé en presbytère principal. Quant à l’an- cien presbytère du 1, rue Docteur Paul Diday, il fut vendu en 1979. Le Pasteur René Léonian continua les réunions habituelles de l’église. Il développa les relations et la collaboration avec les églises arméniennes et françaises. Il mit en place une aumônerie des prisons, principalement auprès des détenus arméniens.
En 1983, le Pasteur Jean Agopian est devenu le nouveau pasteur de l’Église Évangélique Arménienne de Lyon. À cette époque, fut créé un poste d’assistante de paroisse, en la personne de Maryse Haladjian. Cela facilita la tâche de l’église et du pasteur pour l’action sociale dans un esprit chrétien.
En 1993, le Pasteur Krikor Khayiguian (petit-fils du Professeur Krikor Khayiguian) remplaça le Pasteur Jean Agopian.

En 2003, le Pasteur Jacques Tchoghandjian fut le nouveau pasteur de l’église.

Depuis 2015, l’Église Évangélique Arménienne de Lyon est conduite par le Pasteur Paul Siwajian.
Les activités de l’église sont très variées, avec une attention particulière pour toutes les catégories de personnes : culte, école du dimanche, études bibliques, rencontres de prières, groupes d’adolescents et de jeunes. Un soin régulier est donné aux Arméniens venus du Moyen-Orient et d’Arménie, au travers d’un service social très bien organisé.

Le Conseil de l’Église, comprenant le pasteur et des laïcs, administre l’ensemble des programmes de l’église. Ainsi, l’église répond aux besoins spirituels des participants, pour la seule gloire de Dieu.

Pasteur René LÉONIAN

Cet article est extrait du magazine Le Messager n° 95 de Mars-Avril 2024.